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La 30e édition du Prix Annie & Charles Corrin en présence de Jean-Michel Blanquer

Prix Annie et Charles CORRIN 27 janvier 2022

Le 27 janvier, Journée commémorative de l’ouverture des Camps en 1945 par l’armée soviétique, s’est déroulée au prestigieux lycée Louis-le-Grand la remise du Prix Annie et Charles Corrin pour l’enseignement de la Shoah. Pour ce 30e anniversaire placé sous son haut patronage, le ministre J.M. Blanquer a rappelé l’attachement historique de l’Éducation nationale à ce Prix. Retour sur les temps forts de ce grand rendez-vous de la mémoire et de la transmission, coordonné depuis 2021 par l’Action Jeunesse du FSJU.

C’est en cette date symbolique d’hommage aux victimes de la Shoah, et dans le grand amphi de ce temple du savoir et du mérite républicain qu’est le lycée Louis-le-Grand que les élèves des classes lauréates (plus d’une centaine), accompagnés de leurs professeurs, ont côtoyé dans le respect des mesures sani-taires, les fidèles du Prix Corrin, les nombreux enseignants venus de toute la France assister à ce grand moment de la transmission, ainsi que les représentants de l’Éducation nationale (recteurs, inspecteurs d’académie…) et des institutions œuvrant dans le champ de la mémoire, des droits de l’Homme, et même de l’éducation populaire (le président des EEIF, le shaliah de l’Hachomer Hatzaïr, leurs jeunes … et une dizaine de volontaires en service civique FSJU ont répondu présents).

Le Prix Corrin : véritable institution de la transmission !

Prix Annie et Charles CORRIN 27 janvier 2022

Salle comble pour la célébration d’un Prix devenu incontournable, parrainé par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports qui, à peine rentré d’un séminaire européen des ministres de l’éducation à Strasbourg, pour assister à l’ouverture de la cérémonie, a souhaité remettre, en personne, deux prix aux lauréats. À la tribune, après les mots de bienvenue d’Ariel Goldmann saluant la mémoire d’Annie et de Charles Corrin, de Simone Veil, figure marquante du Prix qui en fut la présidente près de dix ans, et du déporté et résistant Raphaël Esrail (z’l) qui vient de nous quitter, le ministre ne tarda pas à qualifier le Prix de véritable « institution » (voir son discours ici) et à réaffirmer son rôle majeur, depuis sa création en 1989, face aux défis de l’enseignement de la Shoah, en présence des trois filles d’Annie et Charles Corrin (Éliane, Sylvie et Élise), et des petits-enfants.

Ariel Goldmann, président du Fonds Social Juif Unifié, institution qui assure la coordination du Prix depuis ses origines, aujourd’hui confiée au département NOÉ, dirigé par Philippe Lévy, a rappelé qu’elle avait tour à tour circulé dans les directions de l’Action Scolaire et Culturelle. À ses yeux, ce retour à la Jeunesse, « dans sa vision pour l’avenir, le dynamisme de l’équipe, mais aussi dans ses messages à la nouvelle génération, leur portée éducative, formelle et informelle » est un cycle pertinent qui raconte les défis de la transmission à embrasser dans leur universalité (à savoir le fait de toucher des écoles publiques, ndlr).

En maître de cérémonie, mais surtout dans sa posture d’éducateur, Philippe Lévy, invitant toute la soirée les protagonistes du Prix à venir s’exprimer avec conviction sur le travail de mémoire de la jeune génération, dans un déroulé mettant l’accent sur la parole des élèves et leur expérience, a évoqué les périls menaçant d’effacer ou de déformer la mémoire de la Shoah : « notre propension à l’oubli, la disparition des témoins et le retour en force du révisionnisme » (voir interview donnée à Actu J ici) et donc, pour sa direction, « la responsabilité autant que l’espérance » de porter le Prix pour la décennie à venir.

Des projets lauréats qui parlent au cœur et à la raison

Les membres du Jury remettants : Christine Guimonnet, Secrétaire générale de l’Association des professeurs d’histoire-

Aurélien Veil, rappelle le souvenir de sa grand-mère Simone Weil, jury du Prix Corrin.

géographie, Alain Sekzig, inspecteur de l’Éducation nationale et Rachid Azzouz, inspecteur général, salués par le ministre comme des « Avant-gardes » de cet enseignement de la Shoah, se sont ainsi succédé pour féliciter les trois établissements primés, leur décernant de beaux diplômes, dotés pour les deux classes lauréates d’une bourse de 1500 €, et pour chacun des élèves du livre autobiographique « Sauve toi, la vie t’appelle », dédicacé par son auteur, qui n’est autre que Boris Cyrulnik, président du Jury, célèbre neuropsychiatre et écrivain.Comme le disent avec justesse Éliane et Sylvie Corrin, filles aînée et cadette des regrettés Annie et Charles Corrin (z’l) dans le clip anniversaire projeté peu avant le mot de bienvenue de Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand : « Il ne s’agit pas [pour les élèves] de transmettre l’horreur, mais bien d’une narration des faits qui ont besoin d’être dits, développés, entendus… »,sans délaisser une part d’émotion : « quand on réagit avec notre cœur, c’est inscrit en soi, et c’est gagné …». Le riche palmarès de cette année met justement en lumière le travail collectif de ces apprentis chercheurs qui se sont frottés à la micro-histoire en explorant les archives de leur ville ou en investiguant sur les traces et témoignages de survivants, d’enfants cachés ou de Justes, dans le souci d’une restitution minutieuse, mais également dans la construction de narratifs sensibles et immersifs, qui empruntent à différents médias et disciplines touchant la sensibilité du public : roman graphique, QR codes audios, expressions à la croisée du théâtre et du travail de cinéaste (stop motions).

Intervention de Mayleen, lycéenne lauréate du projet « Ils s’appelaient Akar »

Mayleen, lycéenne du premier projet distingué « Ils s’appelaient Akar’’, en témoigne : « Merci à notre professeur Mme Schweizer de nous avoir transmis sa passion pour l’Histoire et de nous avoir permis de réaliser un si beau projet. Me concernant, j’ai participé à la collecte d’archives du camp de travail de Thil en Meurthe-et-Moselle, partie assez difficile : beaucoup de docu-ments, de photos à trier et d’extraits à faire figurer dans le roman graphique, matériaux face auxquels on a dû apprendre à ne pas mélanger l’émotion et le travail en regard d’une histoire très touchante. »

 

« Le futur de la Mémoire est entre vos mains ! »

Jusqu’à la conclusion de Boris Cyrulnik, point d’orgue de cette soirée, qui fit des jeunes qui l’entouraient les

Boris Cyrulnik, président du Jury, entouré des jeunes du collège Charles Péguy de Palaiseau.

dépositaires et acteurs de cette mémoire pour l’avenir (« Le futur de la Mémoire est entre vos mains ! » leur a-t-il confié), combien de temps forts ont émaillé cette manifestation qui restera marquante dans les annales du Fonds Corrin par l’intensité de cette union sacrée de personnalités juives et non-juives, toutes venues rappeler l’indispensable mission de cette initiative pédagogique, d’une part, et d’autre part l’infatigable passion de la transmission des enseignants à prendre en charge, pas tant le devoir que le travail de mémoire, ainsi décrit par Boris Cyrulnik : « L’enseignement, ce n’est pas la répétition de ce qui nous est arrivé, ce n’est pas la rumination, mais c’est chercher à comprendre l’élaboration de ce qui nous est arrivé » !

 

Prix Annie et Charles CORRIN 27 janvier 2022

Qu’il s’agisse des témoignages des élèves et des enseignants pour garder « ce feu de la Vérité », ceux très incarnés des sœurs Corrin, de Clara Merchin-Schraub, petite fille d’Annie et Charles Corrin leur rendant un hommage attendri, compilés dans le reportage issu de la captation de la soirée, l’acte de remise des récompenses en tant que tel aux élèves par le Ministre et les membres du jury, véritable rite sacralisé du passage de flambeau à la génération future, ou encore l’évocation du souvenir de Simone Veil par son petit-fils Aurélien, devant une assistance émue à l’apparition sur grand écran des images d’archives de cette vigie de la Mémoire attachée à jamais au Jury, ou bien les discours des membres du Jury, des représentants du rectorat, de la LICRA, … tous ont dit avec détermination que cet événement singulier de la Shoah témoigne aussi pour l’universel, et qu’à sa tragique et sombre lumière, nous pouvons « lire l’histoire et tenter d’éclairer le présent ! » (Rachid Azzouz, inspecteur général).

 

Retrouvez le clip réalisé à l’occasion de la 30e édition du Prix Corrin ici 

 

« Pour lutter contre la banalisation et contre l’oubli, mon père Charles Corrin(z’l) souhaitait profondément que la mémoire de la Shoah exprime autant la spécificité juive de cet événement, à nul autre comparable, que la portée universelle de l’horreur » témoigne Sylvie Corrin, heureuse de voir ce soir -là que « la relève est assurée ! ».

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